Cent milliards. C’est le montant des investissements que le président de la République a annoncé pour accueillir sur le territoire hexagonal des centres de données stockant, classant, hiérarchisant des informations permettant d’entraîner les futures intelligences artificielles. Quelles intelligences, quelles données, pour quelles utilités, pour quels effets sociaux ou écologiques ? Nul ne le sait. L’injonction est définitive. L’IA aujourd’hui, comme hier la 5G, doit se faire car… elle doit se faire. La peur du déclassement prime sur la délibération collective. Chacun est sommé d’accepter un futur dont personne n’évalue ni la pertinence ni les conséquences.
L’intelligence artificielle générative va pourtant entraîner une explosion de notre consommation d’électricité et d’eau pour refroidir les datacenters, parfois installés dans des régions déjà exposées à un stress hydrique chronique.
Selon Shaolei Ren, chercheur à l’Université de Riverside en Californie, une réponse ChatGPT d’une centaine de mots « revient à consommer une bouteille d’eau et à allumer 14 ampoules LED pendant une heure ». Quant aux images générées par une IA, elles nécessiteraient 60 fois plus d’électricité qu’une recherche « texte ». Dans un rapport récent de l’Agence internationale de l’énergie, l’institution estime que la demande d’électricité alimentant les centres de données pourrait doubler d’ici 2030 pour représenter l’équivalent de la consommation électrique du Japon.
À l’heure du chaos climatique, les émissions de CO2 de Microsoft ont augmenté de 30 % depuis 2020 en raison de ses datacenters, tandis que celles de Google ont bondi de 50 % entre 2019 et 2023, toujours à cause de ses centres de données.
Pour faire fonctionner les datacenters stockant nos données personnelles qui alimenteront ensuite les multiples intelligences artificielles, des millions de puces et cartes graphiques vont accroître notre prédation de terres et métaux rares tout en artificialisant encore un peu plus les terres agricoles principalement situées en périphérie de nos villes.
L’IA dite générative et sa cohorte de datacenters doivent être évaluées sérieusement du point de vue écologique et soumises à un débat public permettant de mesurer sérieusement les bienfaits supposés, les conséquences sociales, économiques, culturelles et environnementales.
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